WARNING :
Cet article n'est pas du tout spoiler free ! Vous voilà
prévenus.
Avant toute chose, je vais commencer par un petit résumé pour vous rafraîchir la mémoire :
Chronicle, sortit en 2012, est un faux documentaire filmé par Andrew Detmer, un lycéen timide que le monde ne cesse de maltraiter ; sa mère est malade, son père le bat, il n'a aucun amis à part son cousin (qui semble quand même ne pas trop vouloir de lui), et pour finir, au lycée chaque brute qui croise son chemin ne peut s'empêcher de le persécuter ou de l'humilier. Bref sa vie craint assez sévèrement jusqu'au jour où lui, son cousin Matt ainsi que Steve, un mec super-populaire qui veut devenir le président de sa promo, découvrent un truc (je dis truc parce que clairement, l'origine, la nature et le pourquoi de cette chose ne sont pas mises en lumière dans le film, et ce n'est de toute façon pas ça qui importe!) qui va leur conférer des habilités surhumaines, notamment la télékinésie. No big deal donc, hein ! Ils sont alors plutôt très contents, comme on peut l'imaginer, ils s’entraînent à faire léviter des objets par la seule force de leurs esprits, ils vont faire des blagues aux gens dans les supermarchés, c'est rigolo et tout, ils apprennent même à voler, whouu ! Mais voilà, un jour c'est le drame, Andrew, qui des trois est celui qui maîtrise le mieux ses nouvelles capacités, manque de tuer quelqu'un, et à partir de là, c'est de pire en pire. Il va se mettre à rejeter ses deux (seuls) amis, va même en tuer un sous le coup de la colère. Il se met à persécuter ceux qui s'en prenaient à lui, il essaye de tuer son père, ravage la moitié de la ville, blessant tous les malheureux qui osent se trouver sur son passage... Au final, c'est Matt, sans autre solution pour arrêter le carnage, qui va devoir tuer son cousin/meilleur ami...
À
la base, il faut savoir que j'aime énormément les films de
super-héros (et j'emmerde gentiment au passage l'élitisme dont font
preuve certains face à la pop culture),
mais lorsque Chronicle était en salles il y a deux ans, je me suis simplement dit « non ». Je
pensais étrangement que des ados avec des pouvoirs, filmés avec une
caméra au poing, ce ne serait pas ma tasse de thé (j'avais bien
évidemment tord, n'est-ce pas). Je l'ai quand même gardé dans ma
wish-list de mes films à voir un jour, pluvieux de préférence,
quand je n'aurais vraiment rien d'autre
à faire, et c'est seulement cette semaine, alors qu'il pleuvait, que
je me suis dit « pourquoi pas ? ». Sans mentir,
c'est aussi et surtout le fait que Dane Dehaan, dont je suis juste
très légèrement amoureuse, fasse partie du cast qui m'a vraiment motivée. Parce qu'il sait choisir ses
rôle et qu'il joue merveilleusement bien ; d'ailleurs, il est fort probable que je fasse un article su
Kill Your Darlings un de ces jours, mais passons.
Bilan :
j'ai beaucoup aimé. Mais attention, je précise tout de même que ce
n'est pas LE film de l'année (2012), ce n'est pas mon film préféré
et ce n'est pas le genre de film qui vous donne envie de le regarder
encore et encore ; non, c'est simplement que Chronicle a retenu
mon attention par la façon dont il a su se démarquer des films
habituels qui traitent des super-héros, de l'adolescence ou encore
de la vie au lycée.
Déjà, même si on se sert de la recette magique la plus habituelle utilisée pour fabriquer un/des super-héros (drame familial : check, personnage en marge : check, acquisition de pouvoirs grâce à un objet/événement hors du commun : check... bref !), le film et ses personnages prennent un chemin plutôt inattendu. D'abord, les trois amis ne sont pas aussi sérieux et dévoués après la découverte de leurs nouveaux dons que ce à quoi nous sommes habitués dans ce genre de film ; à mon sens, leur réaction ne pourrait pas être plus « réaliste » (même si bon, on reste quand même dans un film où les mecs ont des pouvoirs, faut pas déconner !). Car non, ils ne volent pas tout de suite au secours de la veuve et de l'orphelin, comme toute personne normalement constituée et saine d'esprit (qui se découvrirait la capacité de faire bouger n'importe quoi rien qu'en y pensant), ils ne vont pas se jeter la tête la première face au danger mais vont plutôt d'abord tester de quoi ils sont capable et surtout, s'amuser !
De
façon plus générale, Chronicle ne traite pas le thème des
super-pouvoir de la façon habituelle, de fait, ce n'est pas la
naissance d'un héros à laquelle on assiste, mais plutôt à celle
d'un méchant. Eh oui, ce cher Andrew finit par
péter un câble à la Carrie White et ne s’embarrasse plus des
pauvres mortels qui l'entourent car il est, comme il aime à le
répéter, le « prédateur alpha » et que, comme on ne se
sent pas coupable lorsqu'on tue une mouche, il ne devrait pas se
sentir coupable pour tuer des êtres humains plus faibles que lui... j'ajoute que c'est principalement ce qui m'a fascinée dans ce film, parce qu'Andrew
n'est pas quelqu'un de mauvais, et on peut comprendre, après tout ce
que tout le monde lui a fait subir, qu'il puisse vouloir se venger et
qu'il refuse d'être à nouveau traité comme il l'a été.
Enfin,
en ce qui concerne la réalisation et plus précisément les effets
spéciaux, là où les autres films de super-héros ont tendance, je l'avoue, à privilégier le sensationnel, le
spectaculaire au créatif et à l'inventif, Chronicle va rester dans
quelque chose de plus sobre, les effets spéciaux ne sont pas
utilisés à outrance et ils restent relativement soignés et bien
exploités, ce qui va réellement servir à l'histoire, et pas
simplement en mettre plein la vue au spectateur. Même la scène de
la fin où ils détruisent partiellement la ville ne m'a pas semblé
trop exagérée, j'irais même jusqu'à dire que je l'ai trouvée très juste. Mais bon, on peut tout de même imaginer que si le film
avait eu davantage de budget il serait
tombé dans les clichés habituels des explosions à foison...
Bon,
il est tout de même temps que j'en vienne à l'aspect qui est sans
doute le plus important du film, c'est bien sûr la façon de filmer
caméra au poing. Alors que beaucoup restent réticents à ce genre
de fond foutage movie, parfois à raison, je trouve que dans
Chronicle, cela reste très bien utilisé. Ici l'originalité de la
réalisation témoigne de la société dans laquelle évoluent les
personnages, l'image sert à l'histoire en accompagnant Andrew
partout où il va tout en sachant rester neutre ; neutre parce
qu'il s'agit d'un documentaire, si la caméra n'était pas un objet
volontairement présent dans le film, je pense qu'il y aurait pu y
avoir une ambiguïté due au point de vue, on aurait eu du mal à
savoir si les images que nous voyions étaient déformées par
l'esprit d'un personnage ou pas (par exemple, je pense notamment à
Lolita -livre, film, peu importe- où tout est décrit du point de
vue de Humbert Humbert, sachant ça, Lolita nous semble tellement
plus innocente que ce qu'il nous laisse penser. Je vous laisse
méditer là-dessus). Mais plus qu'un simple moyen de relater cette
histoire de façon neutre, la caméra est avant tout pour Andrew un
bouclier, derrière elle, il pense être protégé de la violence de
son père ; en filmant toute la colère et la brutalité dont ce
dernier fait preuve à son égard, il espère pouvoir y mettre un
terme (ce qui n'est malheureusement pas le cas). Il s'agit également
d'une barrière qu'il érige entre lui et les autres, car même s'il
désire s'intégrer au plus haut point, sa timidité l'emporte et
l'empêche de se dévoiler complètement aux jeunes de son âge, qui
vont donc le considérer comme un freak.
Ainsi
contrairement à ce que l'on peut voir dans certains teenage movie à
l'humour vaseux, le lycée aux US ce n'est pas un endroit magique où tout est possible. Là c'est la bêtise, la violence et la cruauté des adolescents qui retiennent notre attention, le fait que la popularité ait une place si importante et que la loi du plus fort règne sans pitié. C'est ainsi un mal très commun en
Amérique qui est directement pointé du doigt dans Chronicle, le
« bullying », qui reste la cause de nombreux suicides
d'adolescents persécutés sous prétexte qu'ils n'étaient pas
« dans la norme ».
Mais
de manière un peu plus légère, cette façon de filmer va également
pouvoir nous montrer une facette de notre relation à la technologie.
En évoluant assez rapidement, on va passer de la vieille caméra
d'Andrew, à celle plus moderne (donc plus chère) offerte par son
cousin, à des caméras de vidéo
surveillance et enfin aux smartphones et tablettes des passants qui
les entourent ; les images filmées
en continu par ce genre de technologie ne sont pas du tout
choquantes, et permettent de réaliser à quel point aujourd'hui les
caméras sont réellement partout...
Pour
finir sur un commentaire un peu plus personnel, je voulais simplement
ajouter que j'ai porté un réel intérêt ainsi qu'une drôle de
fascination au personnage d'Andrew, déjà par la façon dont il a
progressivement évolué, mais aussi parce que je crois bien que ce
cher petit à des tendances sociopathes (ce qui je pense à pour effet de captiver le public, regardez par exemple Sherlock),
peut-être que c'est le style documentaire qui me fait dire ça, car
c'est en réalité simplement ce qu'il cherche à faire :
enregistrer des faits et rien d'autre que des faits. Mais il donne
bien souvent l'impression de ne porter que peu d’intérêt à la
vie humaine, déjà avec son speech de superprédateur dont j'ai
parlé plus tôt, mais aussi avec d'autres moments, comme par exemple
celui où on le retrouve dans les toilettes, là il fait le bilan de
l'arrachage de dents de types qui le brutalisaient. Pour lui cela
n'est, en plus de la vengeance, purement qu'une étude dans laquelle
il explique comment arracher une dent (par la pensée) en la gardant
intacte. Ce qui le rend d'autant plus intéressant c'est bien sûr le
fait que l'on sache que son comportement est directement lié au
climat social qui règne autour de lui et c'est malheureusement dans
sa quête pour atteindre le haut de l'échelle sociale qu'il semble
perdre son humanité...
J'espère
que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me faire part de votre
avis sur le film, je serais ravie de le lire et/ou d'y répondre !
- Pikamido
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